Les chiots sont des êtres qui ont tout à apprendre afin de devenir des adultes équilibrés et capables de s'intégrer sans souci majeur dans l'environnement qui leur sera réservé plus tard.
La période de la naissance jusqu'aux 4 mois est fondamentale pour éviter les troubles du comportement dans le futur et ainsi les agressions, la destruction ou encore la mauvaise gestion des émotions. Pour cela, il est important de suivre des processus bien précis, car les travaux de désensibilisation, de déshabituation ou d'habituation (émanant de troubles) sont beaucoup plus longs et fastidieux.
Quelles sont les grandes étapes de la vie d'un chien ?
Quelles procédures faut il mettre en place ?
Quelles règles doit on suivre pour éviter des troubles du comportement ?
Comment le chien intègre t-il son environnement ?
Que faire chez un chien trop peureux, trop téméraire ?
I- Les stades de développement du chien
A) Période néonatale
De la naissance à l'âge de 2 semaines, le chien se situe dans la période néonatale. Il a alors les yeux et les canaux auditifs fermés (il ne voit pas et n'entend pas). Il ressent en revanche le toucher (d'où l'importance des contacts et manipulations doux et positifs) et les odeurs. Ses muscles ne sont pas encore opérationnels et il ne tient donc pas debout. Il est en revanche capable de ramper, notamment jusqu'aux mamelles de la mère pour se nourrir, grâce à la sensation de chaleur qui le guide vers elles.
Il ne peut pas évacuer seul et doit se faire lécher les parties intimes par la mère pour pouvoir faire ses besoins. Il est également dépendant d'elle en ce qui concerne la chaleur et ne peut pas survivre à température ambiante.
Il dort 90% du temps.
B) Période de transition
Elle concerne la période de 14 à 21 jours. Les yeux et canaux auditifs s'ouvrent et le chien peut commencer à découvrir le monde qui l'entoure. Il peut à présent tenir debout (tout en ayant une coordination motrice approximative).
Cette période de transition marque 2 grandes avancées :
Le début de l'interaction sociale avec ses frères et sœurs, sa mère et tous autres individus qui l'approcheraient ;
L'attachement à la mère, qui devient alors l'être de référence, vers lequel le chiot se réfugie en cas de peur et duquel il ne s'éloigne que très peu.
Il devient autonome pour réguler sa température et pour évacuer.
Il dort 65% de son temps.
C) Période de socialisation
De 3 à 12 semaines, le chiot vit LA période comportementale qui construira sa capacité à s'intégrer dans l'environnement.
Il est normalement chez l'éleveur ou la famille qui l'a vu naître jusqu'à ses 2 mois (fin du sevrage) puis s'en va dans sa famille définitive, où il quitte sa meute et sa mère.
Toutes les préconisations qui suivront doivent débuter de la manière la plus dense possible dans l'élevage et perdurer au minimum jusqu'aux 3 mois du chiot pour en faire un être bien dans ses pattes.
Durant ce stade, le chiot apprend l'inhibition de la morsure (la pression à partir de laquelle celle-ci devient douloureuse) notamment avec sa fratrie (qui couinera lorsque les limites sont dépassées, enseignant au chien à ne pas serrer autant la mâchoire) et avec sa mère, qui n'hésitera pas à le recadrer lors des tétées devenant très douloureuses.
Cela permettra au chien de pouvoir mordiller sans blesser (car il explorera son environnement avec la gueule, et vous en faîtes partie, ainsi que les congénères qu'il rencontrera, qui pourraient le recadrer de manière virulente si la morsure était trop puissante, même dans le cadre du jeu).
Il découvre également la hiérarchie, notamment avec des adultes bien codés. Il apprendra entre autres à manger après sa mère.
C'est un moment clé de jeu, où la fratrie va explorer de plus en plus loin, se sauter dessus, se bousculer, se mordiller, se courir après, etc.
Le chien n'est pas du tout inhibé au début de cette période, il s'approchera de tout ce qui l'entoure et n'aura peur de rien. Il enregistrera toutes ces expériences pour sa vie future.
Ainsi, il est FONDAMENTAL qu'il ait accès au maximum de matières, espèces, paysages, odeurs et bruits différents et TOUJOURS dans des interactions positives.
En effet, si l'une d'elle venait à le traumatiser (attaque par un chien adulte en particulier, ou accident dans un environnement précis), cela pourrait avoir des conséquences comportementales graves dans sa vie d'adulte (peur, fuite, agression, etc.), qu'il sera possible de résoudre, à l'aide d'une thérapie comportementale, plus ou moins longue selon la gravité des troubles.
D) La période juvénile
De 12 semaines à l'adolescence (âge variant selon la taille de la race, de 6 mois pour les plus petites à 3 ans pour les races géantes), le rythme de croissance va ralentir, les individus acquièrent la maturité sexuelle (premières chaleurs et production de spermatozoïdes).
C'est le début de l'apprentissage et de la mémorisation des acquis. Il s'agit donc de la période idéale pour débuter l'éducation.
Le chien va également tester les limites, pour connaître les règles à respecter, ce qui est interdit et autorisé.
Enfin, il s'agit d'une période clé en ce qui concerne le détachement (le fait de ne plus avoir d'humain considéré comme la mère, que l'on suit tout le temps). Le chien doit devenir indépendant.
E) L'adolescence
De 6 à 36 mois (selon les races), l'adolescence est synonyme de changements comportementaux. Le chien va commencer à s'affirmer et à vouloir désobéir, prendre le dessus sur les maîtres et imposer une hiérarchie face à ses congénères.
C'est une période privilégiée de bagarres et d'agressivité, le chiot n'entrant pas dans la hiérarchie, il doit trouver sa place au moment de l'adolescence.
Il est INDISPENSABLE que les propriétaires soient très fermes, justes et cohérents envers le chien pendant ce stade, sans quoi, si le chien prend le dessus, les risques d'accidents sont accrus, toute l'éducation entreprise sera perdue et le chien deviendra incontrôlable.
Le mâle commence à lever la patte pour uriner.
Les chiens ont un grand besoin de dépenses pendant cette période.
II- Le sevrage
Le sevrage dure jusqu'à 2 mois (âge à partir duquel la mère, pour qui les tétées deviennent très douloureuses avec la sortie des dents de lait, va repousser ses chiots).
On assiste alors à l'apprentissage de la morsure inhibée, où le chien apprend à maîtriser la puissance de sa mâchoire lors des moments de jeux avec sa mère et sa fratrie, indispensable à une bonne communication à l'âge adulte.
Pendant ces deux premiers mois, le chiot va apprendre l'imprégnation, c'est à dire comprendre qu'il appartient à l'espèce canine et pas à une autre.
Cela est fondamental pour que le chien soit équilibré, qu'il apprenne le langage canin (et pas un autre) et qu'il puisse communiquer avec ses congénères et être attiré par les interactions avec eux.
Enfin, la mère a une importance fondamentale, pendant la gestation et pendant le sevrage.
En effet, une mère peureuse, craintive, stressée, maltraitée, très excitée ou agressive aura une mauvaise influence sur les chiots, qui pourront développer des troubles du comportement.
Aussi, une mère absente, rejetant ses chiots, impatiente ou mauvaise communicante aura pour conséquence des traumatismes importants chez ses bébés. Il est donc fondamental, si la mère décède avant leurs 2 mois ou n'a pas le bon comportement pour leur développement mental, de trouver un adulte équilibré qui saura leur enseigner les bases de la vie canine.
III- L'adoption
Lors de l'adoption, il est primordial, avant même de songer à l'éducation canine, d'enseigner deux choses au chiot :
Le détachement : le toutou, à son arrivée, va choisir instinctivement une personne de référence remplaçant sa mère, ce qui est normal à l'âge de 2 mois. En revanche, il devra apprendre rapidement à devenir autonome, à ne plus avoir besoin d'elle et à s'en détacher, c'est à dire prendre de la distance, rester calme en cas de suppression du contact visuel, ne pas la chercher constamment ou demander sans arrêt une interaction. Attention, il est souvent commun que les humains trouvent normal et mignon, un chien qui les suit partout, parfois même jusqu'aux toilettes, ne s'écartant pas d'une foulée. Cependant, cela émane d'un trouble du comportement (hormis les premiers jours après son arrivée dans la famille) et il est indispensable de mettre en place des mesures d'ignorance le plus souvent possible pour faire cesser cette situation.
La solitude : un chien sera dans la plupart du temps, amené à rester seul plusieurs heures au quotidien. Bien souvent, les propriétaires se rendent compte en rentrant que le toutou a fait ses besoins dans la maison (alors qu'il sait se retenir), qu'il a tout détruit ou qu'il a aboyé sans cesse pendant leur absence. Cela illustre un stress chez l'animal qui peut être lié soit à une absence trop longue (8 heures), soit à de l'ennui (le chien laissé enfermé dans une pièce vide pendant 2-3 heures ou plus et qui n'a rien pour s'occuper va faire des "bêtises" ou vocaliser pour penser à autre chose), soit, plus fréquemment parce que le processus d'apprentissage a été bâclé. En effet, un chiot, ayant grandi toujours entouré de sa mère et sa fratrie, puis de ses humains, ne peut pas accepter de rester seul soudainement sans y avoir préalablement été habitué. Pour cela, il convient de mettre en place une procédure précise, pas à pas, avant de laisser le chien seul pendant plusieurs heures. Pour en savoir plus, contactez un éducateur canin.
Ensuite, il devra s'habituer aux règles, à son environnement, aux personnes et animaux cohabitant avec lui, sans être trop pressé (afin de favoriser les interactions positives).
IV - La socialisation
Une grande étape pour avoir un chien équilibré est la socialisation, terme désignant la découverte par le chien de l'ensemble des éléments avec lesquels il sera susceptible d'interagir au cours de sa vie.
Pour ce faire, il devra faire connaissance avec différentes catégories de stimuli :
Les environnements : centre ville, montagne, campagne, forêt, plage, mer, restaurant, camping, rivière, marchés, etc.
Les bruits : camions, motos, trottinettes, poubelles, aspirateurs, orages, pétards, feux d'artifice, essuie-glaces etc.
Les espèces : lapins, chats, tortues, oiseaux, NAC, vaches, brebis, chevaux, moutons, poules, etc.
Cette liste est non exhaustive et non obligatoire. Tout dépendra du mode de vie que vous allez offrir à votre chien et des habitudes et passe temps que vous avez.
MAIS la socialisation la plus importante reste celle avec les congénères. En effet, c'est les interactions qu'il aura en plus grande quantité (peu importe le mode de la famille), qui constituent d'ailleurs un besoin essentiel du chien.
Le canidé doit impérativement voir le plus de copains possible, toujours équilibrés et si possible codés (pour éviter toute agression). De cette manière, et c'est l'unique moyen, votre toutou apprendra les codes canins ce qui lui permettra d'avoir des interactions saines tout au long de sa vie. Bien évidemment, ceux-ci peuvent se perdre dans le cas d'une longue période sans côtoyer de congénères, il est donc indispensable que votre chien rencontre de nouveaux toutous très régulièrement (si possible toutes les semaines).