Le terme "hiérarchie" chez le chien est sujet à de nombreuses controverses et il existe plusieurs débats émanant de ce principe.
La hiérarchie chez le chien a été longuement étudiée par de nombreux éthologues (spécialistes en recherche sur le comportement animal) et a abouti à la rédaction de nombreuses études issues des statistiques établies par observation puis analyses scientifiques.
Que signifie la hiérarchie ?
Est-ce un concept pertinent ?
Pourquoi des contradictions sont elles apparues ?
Introduction
La hiérarchie est un comportement de groupes au sein d'une même espèce octroyant à chaque individu une place bien précise de subordination ou de dominance vis-à-vis des autres.
Elle a été souvent analysée par de grands auteurs éthologues qui s'intéressent aux modes de fonctionnement d'une espèce animale particulière.
Pour ce faire, ils observent un ou plusieurs groupes dans leur environnement naturel, notent tous les éléments intéressants et émettent des suppositions conciliées dans un rapport. Ensuite, ils peuvent procéder à des tests expérimentaux sur terrain ou en laboratoire pour confirmer ou infirmer leur théorie. Ces derniers ont pour objectif de provoquer une situation précise afin de pouvoir constater si oui ou non leur hypothèse est justifiée. Si non, il convient de comprendre pourquoi. Est-ce que les suppositions initiales sont erronées ? Est-ce que l'expérience donnée présente un biais, une restriction, un élément pouvant modifier le comportement observé ?
Après de nombreuses études, statistiques et conclusions, l'éthologue est en capacité d'expliquer certaines habitudes chez l'espèce considérée.
La hiérarchie chez le chien sauvage
Dans la nature, les chiens vivent en meute, c'est à dire en groupe soudé. Cette organisation a été observée par bien des professionnels et on a pu constater qu'elle servait notamment à la chasse et à la défense.
Au sein de la meute, les canidés ont chacun une place hiérarchique et donc une fonction. Cela permet donc d'attribuer le rôle de regroupement à certains, quand d'autres auront pour utilité l'attaque d'une proie. Les premiers devront donc amener un gibier vers les deuxièmes qui s'occuperont de l'attaquer et de le mettre à mort pour ensuite le consommer.
Concernant la défense du territoire, un groupe sera plus fort et pourra mettre en place une stratégie afin de protéger cette ressource.
Concernant la hiérarchie au sein de ce regroupement, elle a été démontrée et on identifie un mâle alpha, une femelle alpha qui sont tous deux en haut du statut de domination et d'autres individus qui auront eux-mêmes un rang hiérarchique de dominé ou dominant vis-à-vis d'un autre congénère.
Le concept de hiérarchie s'évalue donc entre deux individus.
Les chiots n'en font pas partie et devront imposer leur rang après l'adolescence. Contrairement à d'autres espèces, celui-ci n'a aucun lien avec la place des parents au sein du groupe.
Cette organisation est vouée à se modifier au fil du temps, en cas de nouvel arrivant, de décès ou si un des chiens souhaite accéder au rang supérieur. Pour ce faire, il devra battre son supérieur hiérarchique au combat (en obtenant une soumission, le principe n'est pas de blesser ou tuer l'autre).
Plusieurs critères doivent être respectés par un subordonné par rapport à son/ses supérieurs :
- La gestion des contacts : Seul le dominant peut être à l'initiative des contacts avec les dominés. En cas d'irrespect, l'individu se fera avertir par un grognement puis attaquer si l'attitude ne cesse.
- L'accès à la nourriture : Le chien au plus haut rang hiérarchique mange en premier, lentement et les autres doivent rester à une distance plus ou moins grande, imposée par ce dernier. Lorsqu'il a fini, c'est à l'individu de rang directement inférieur de se servir. Il mangera un peu plus rapidement que le premier car si le leader venait à revenir, il devra s'écarter. Une fois le repas du deuxième terminé, c'est au 3e rang hiérarchique de se nourrir, plus vite que les 2 précédents, etc. S'il reste de la nourriture, les suivants pourront accéder un à un à la ressource.
- La gestion du territoire : Le dominant est toujours celui qui se situe à la plus grande hauteur. Il autorise ou non les entrées et sorties du territoire. Ceux qui souhaitent circuler doivent exagérer les mimiques de soumission (baisser le haut du corps, queue entre les jambes, lécher les babines du leader, marcher lentement, etc.) pour obtenir l'accord du supérieur.
- La sexualité : seuls les mâle et femelle alpha peuvent exprimer leur sexualité devant le reste du groupe.
La hiérarchie chez le chien domestique
Ces études ayant été réalisées chez le chien sauvage, au sein d'une meute composée de congénères, certains auteurs ont admis que le canidé se comportait de la même manière au sein du foyer familial, qu'il considérerait comme sa meute.
De ce fait, chaque personne du groupe a un statut hiérarchique bien précis, que le chien connaît et dans lequel il tente de s'intégrer et c'est pour cette raison qu'il est nécessaire d'imposer des règles strictes dès son arrivée, afin de lui octroyer un rang hiérarchique le moins élevé possible, pour continuer à pouvoir être à l'origine des décisions. Parmi ces règles, on parle de :
- ne pas laisser le chien manger à table car cela lui octroie une place hiérarchique favorisée puisque les choix lui appartiennent ;
- manger avant le chien pour être considéré comme dominant puisque c'est au plus haut rang de se nourrir en premier ;
- ne pas regarder le chien pendant son repas car cela laisserait sous entendre que vous êtes son subordonné puisque vous vous intéressez à sa nourriture sans oser vous en approcher ;
- retirer la gamelle au bout d'une dizaine de minutes pour un chien adulte, 30 pour un chiot afin de l'obliger à manger plus rapidement, comme cela se produit dans la nature pour les plus dominés ;
- gérer l'espace : le panier du chien ne doit pas être situé dans un lieu de fort passage (couloir ou entrée d'une pièce par exemple) ou au milieu d'un espace ; ne pas enjamber le chien pour accéder à un endroit, il conviendra que le chien se lève. Pour cela, passez votre pied sous son corps pour l'obliger à se retirer.
- interdire les accès aux endroit surélevés comme le lit ou le canapé (le dominant se place toujours plus haut) ;
- interdire au chien d'exprimer sa sexualité (que ce soit avec les congénères, les humains, des objets) ;
- être à l'origine des contacts : lorsque le chien cherche à s'approcher d'un Homme, il faut l'ignorer. C'est toujours aux personnes d'initier une caresse, un câlin ou le jeu.
Attention, les enfants en dessous de l'âge d'environ 12 ans sont considérés comme les chiots et ne présentent donc pas de rang hiérarchique. C'est à la période de l'adolescence qu'ils en obtiendront un et c'est, selon les statistiques, un âge très enclin aux agressions par le chien. Cela s'explique, selon les auteurs pro-hiérarchie, par le fait que l'animal, comme dans sa meute congénères, ne voudra pas laisser le futur adulte acquérir un statut supérieur à lui et réagira par le combat physique (agression) pour défendre son rang.
Controverses
Aujourd'hui, de nombreux chercheurs éthologues réfutent cette idée de hiérarchie Homme-chien. La théorie dominant-dominé n'existerait qu'au sein d'une meute entre congénères, voire même pour certains, serait un mode d'organisation propre au loup et non au canidé.
Certains propriétaires de chiens ne respectent d'ailleurs pas du tout toutes les prérogatives indiquées afin d'être leader de leur animal, et parviennent tout de même à obtenir d'excellentes obéissance et relation avec leur toutou, sans jamais aucun incident tel que des grognements ou des morsures.
Quelques courants de pensée expliquent qu'un équilibre avec un chien au sein du foyer s'obtient en premier lieu grâce à la création et l'entretien d'une relation saine, profonde et de confiance et que cela permet d'appliquer des règles efficaces pour une entente paisible et joyeuse.
Plus précisément, le chien créerait cérébralement une carte mentale avec l'ensemble de ses interactions avec un humain, qui sont soit positives, neutres ou négatives et deviendrait alors plus ou moins proche de l'Homme en question.